Zusammenfassung: | Les différentes périodes de la vie d'Albert Einstein sont généralement bien documentées, hormis la période milanaise, qui constitue pourtant, comme on se propose de le montrer, une période clé dans la formation d'Einstein et le développement de ses questionnements scientifiques. À partir de décembre 1894, à Milan puis à Pavie, Einstein continue de bénéficier, tout comme à Munich auparavant, de l'encadrement scientifique de son oncle ingénieur Jakob, et peut consulter des revues électrotechniques dont l'apport est important tant sur le plan expérimental que théorique. Étudiant à l'Eidgenössische Technische Hochschule (ETH) de Zurich à partir de 1896, il revient ensuite régulièrement à Milan, où il travaille sur des articles scientifiques récents à la riche bibliothèque de l'Istituto Lombardo Accademia di Scienze e Lettere, comme les lettres à Mileva Maric permettent de l'établir. Mais entre 1899 et 1901, son travail à Milan n'est pas solitaire car il y retrouve son fidèle ami et collaborateur, Michele Besso, qu'il avait rencontré précédemment à Zurich. Durant ses séjours, Einstein discute régulièrement de questions scientifiques diverses avec lui, certaines en lien avec une thèse envisagée sur les forces moléculaires, d'autres sur le mouvement relatif de la matière et de l'éther ou les processus lumineux et la nature du rayonnement. La période milanaise, 1899-1901, fait donc office de prélude à la célèbre période bernoise d'Einstein, pendant laquelle les deux amis se retrouvent, à partir de 1904. Einstein bénéficie aussi du lien de Besso avec son oncle Giuseppe Jung, membre de l'Istituto Lombardo et professeur de mathématiques au Politecnico de Milan. L'analyse croisée des revues présentes à la bibliothèque de l'Istituto Lombardo et des ouvrages de la bibliothèque de Jung conduit à porter un nouveau regard sur les liens d'Einstein à Jung et à Besso, et rend aussi envisageable une approche des idées d'Einstein en relation avec les textes scientifiques disponibles. On peut espérer que ce nouvel éclairage aide à retracer ses idées scientifiques, « fausses pistes » incluses. Ainsi, la nécessité d'étendre, puis de réorienter son travail de thèse initial, l'expérience qu'il imagine pour mettre en évidence le mouvement de la Terre dans l'éther, et peut-être même une première idée des quanta lumineux pourraient être liés à ses lectures et discussions au printemps 1901, à Milan.
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